L'auteur souligne ici l'iniquité d'une telle mesure qui laissait sortir les voleurs, les meurtriers, les truands, les violeurs, les proxénètes, etc. Soljénitsyne se souvient alors qu'à l'université en 1938, on lui a proposé, ainsi qu'à ses condisciples, d'entrer au NKVD. Il y a également eu des cas où les détenus devaient voyager à pied pour rejoindre leur lieu de détention, sur quelques centaines de kilomètres par étapes quotidiennes de 25 km, avec peu d'eau et de nourriture. Il faut également compter avec "l'hostilité de la population environnante, attisée par les autorités", et souvent grassement récompensée si elle ramène un fugitif (dans des temps où la nourriture se fait rare dans la population civile, un évadé représente souvent une aubaine alimentaire nécessaire). Plus loin, l'auteur insistera sur la naissance de ce deuxième monde qui a "interdiction de se mélanger" avec le premier : l'Archipel est une nation dans la nation, avec ses propres lois. Comme ce rôle d'éducateur ne peut pas échoir à un ennemi du peuple, s'y trouvent assignés les socialement-proches : "il recrutait donc comme éducateurs des voleurs deux ou trois fois condamnés, et qui encore? En effet la prostitution auprès des planqués est quasiment leur seul moyen de survie : "les planqués de sexe masculin rangés des deux côtés du couloir étroit et les nouvelles arrivantes qu'on faisait passer nues par ce couloir. "L’archipel des Solovki" de Zakhar Prilepine. Livraison chez vous ou en magasin et - 5% sur tous les livres. De son côté, Jean Daniel est soutenu par plusieurs anciens intellectuels communistes qui ont quitté le Parti après l'insurrection de Budapest (Edgar Morin, François Furet, Emmanuel Le Roy-Ladurie, Claude Roy, Jean Duvignaud, Gilles Martinet) et ont fait du Nouvel Observateur leur lieu d’expression privilégié[6]. Soljenitsyne s'était alors déclaré comme un spécialiste en physique nucléaire ce qui lui permit plusieurs années plus tard d'être affecté à une charachka dans des conditions bien plus clémentes qu'il décrit dans son roman Le premier cercle. On leur enfonçait quelque chose de mou dans la bouche, on leur ficelait les mains derrière le dos. Le fossé qui sépare les louanges de la littérature de la sordide réalité est expliqué ainsi : "Les gens appartenant à un milieu cultivé, mais qui n'ont pas eu eux-mêmes l'occasion de croiser des truands sur un sentier étroit, protestent contre cette appréciation impitoyable du monde des voleurs : ne serait-ce pas un secret amour de la propriété qui meut ceux que les voleurs irritent tant? Dans Le Premier Cercle, un témoignage romancé écrit en 1955-1958 et publié en Occident en 1968, Soljénitsyne décrit ce qu'il appelle « le premier cercle de l'archipel du Goulag ».Il s'agit de centres de détention situés autour de Moscou. En effet les mêmes compartiments des wagons contenaient généralement six personnes dans des conditions spartiates sous l'époque tsariste, tandis qu'ils peuvent en recevoir jusqu'à 36 sous l'ère soviétique, pour un voyage durant selon les années entre 36 heures et plus d'une semaine. Nicolas Werth a passé douze années de sa vie à Moscou et a remué des centaines de milliers de pages des archives du Goulag, ouvertes aux chercheurs au début des années 90. Ces arrestations se déroulent le plus souvent la nuit, ce qui a pour principal avantage que « ni les maisons voisines, ni les rues de la ville ne voient combien de personnes ont été emmenées en une nuit »[2]. Nombre de pages : 910 Notes des internautes : L'Archipel du Goulag. La partie VII après Staline jette un regard critique sur la période des années 1960 après Staline. L'origine de ce constat est à rechercher du côté de la littérature russe qui a longtemps glorifié des figures de truands comme des êtres libres et affranchis de la société matérialiste, bourgeoise et marchande, dignes ainsi des louanges des intellectuels. prisons   Alors que le tsar Alexandre II se fit enfermer pendant une heure dans une cellule pour comprendre l'état d'esprit des prisonniers, les commissaires instructeurs sont complètement indifférents à ce que pouvaient ressentir leurs victimes. Cet état d'esprit se cristallise dans des proverbes zek : « Ne fais pas aujourd'hui ce que tu peux faire demain » ou encore « ne fais pas le travail, ne fuis pas le travail ». Soljenitsyne commence alors à esquisser les affres du travail forcé avec des principes tels que "la journée de travail s'[achève] lorsque la tâche est accomplie" et montre des conditions atroces entraînant bien souvent la mort des travailleurs : "jours et nuits, fendant la nuit polaire à la lueur de lampes à pétrole, frayant des trouées dans les sapinières, extirpant les souches, dans les blizzards qui accumulaient la neige sur la route plus haut qu'une taille d'homme." Soljenitsyne écrit que souvent, ce n'était pas l'infraction (ou le soupçon) qui était décisive pour l'arrestation, mais des considérations économiques et le besoin de main-d'œuvre. L'auteur déplore également le destin des prisonniers de guerre soviétique à leur retour dans la mère patrie. On vérifie si les prisonniers sont bien morts "en [leur transperçant] le tronc avec une baïonnette ou [en leur fracassant] la tête avec un gros maillet. Il s'agit des peines que le zek se voit infliger alors qu'il a déjà purgé une partie de sa peine : "la régénération spontanée des peines, analogue à la repousse des anneaux chez le serpent". Au début du chapitre suivant, il est affirmé que les camps, par leur envergure, ne forment pas "la face cachée du pays mais bien le coeur des évènements". Parmi les détenus, organisés en brigades, les droits communs font la loi et l'émulation est de rigueur : des concours sont organisés en permanence, à qui extraiera le plus de volume de terre etc. Ainsi l'Archipel prit-il sa forme définitive et s'étendit à la totalité du pays : "il n'a pas existé de province [...] qui n'ait engendré ses camps". Ce qui fut accordé. jusqu’en 1989. L'écrivain ne parle pas de les enfermer, ni bien sûr de les torturer comme ils l'ont fait, mais seulement « d'obtenir que chacun dise à haute voix : “Oui, je fus un bourreau et un assassin” ». Au camp, le dénuement ambiant permet un fonctionnement encore plus efficace de ces techniques. Ils faisaient semblant de se tenir à peine debout, mais en secret leurs mains décharnées de pellagreux se tendaient vers les mitrailleuses!". Il existe les planqués de zone et les planqués de la production, chacune des deux catégories regroupant des métiers différents. histoire   Le zek aime particulièrement à raconter son passé, car c'est la seule chose qu'on ne peut pas lui confisquer. Mais le difficile destin des politiques ne s'arrête pas à leur arrestation injuste, ce sont eux qui ont la vie la plus dure une fois arrivés au camp. C'est donc un chapitre très humain où Soljénitsyne se délecte des rencontres avec ses compagnons de détention, où il en arrive à comprendre comment, pour lui, la prison peut ne pas devenir « un abîme, mais un tournant capital de (s)on existence ». De même ils possèdent leur propre langue ("un conglomérat langue-injure") leurs propres expressions caractérisées par une façon de s'exprimer grossière et rabrouante. L'auteur note que la doctrine de l’État semble être : « Tirez sans cesse, et vous finirez bien par atteindre celui qu'il faut ». En effet les crimes et délits ne sont jamais relayés dans la presse, les criminels ne sont pas publiquement recherchés : d'après la Théorie d'avant-garde, "la criminalité résulte uniquement de l'existence des classes, or, [en URSS], il n'existe pas de classes, donc il n'y a pas non de crimes et, partant, il est interdit d'en souffler mot dans la presse." L'Etat n'a pas le droit d'être aussi féroce, au point de pousser ses sujets à le tromper.". Suit une description de leurs "traits fondamentaux communs" : De là leur vient leur "instinct du domaine". C'est une thématique récurrente dans l'Archipel du Goulag, la considération que le pays tout entier est devenu une immense "zone" (c'est-à-dire une zone de détention). Immense fresque de l'univers concentrationnaire soviétique, dont Soljenitsyne fut l'une des nombreuses victimes, L'Archipel du Goulag est un livre de témoignage et de combat. Soljenitsyne parsème son propos d'anecdotes terrifiantes sur les conditions de vie au camp et montre une atmosphère tragi-comique, mêlant l'horreur et le grotesque : les détenus sont parfois uniquement vêtus de simples sacs troués, les humiliations sont omniprésentes et les punitions extrêmement cruelles (les prisonniers peuvent être contraints de se maintenir sur une perche tendue "de telle façon que les pieds ne peuvent toucher terre" et battus s'ils perdent l'équilibre, précipités du haut d'un escalier de 365 marches ligotés à une bûche ou encore attachés nus à un arbre et livré "à la merci des moustiques".) Malgré la dissimulation des principales horreurs, il semble qu'il ait eu l'occasion d'avoir un aperçu de ce qui s'y passait mais choisit (par idéologie et par intérêt) de souligner "qu'on a tort de faire un épouvantail des Solovki, que les détenus y vivent remarquablement bien et s'y redressent remarquablement". D'autres figés, la tête enfoncée entre les genoux. Les membres de ces tribunaux "ne comptaient que des assassins, des truands enchiennés, des dilapidateurs et des concussionnaires.". Mais quand tout cela a-t-il commencé ? Ce chapitre étudie la porosité qui existe aux abords immédiats des camps entre ces derniers et le monde extérieur. La guerre finira de dégrader la situations dans les camps, Soljénitsyne précise : "qui n'y a pas été pendant la guerre ne sait pas ce qu'est un camp, [...] davantage de travail, moins de nourriture, moins de combustible, pire le vêtement, plus féroce la loi, plus sévère le châtiment". Pour les sculpteurs c'est un peu plus dur, de même que pour les musiciens. Qui, sinon les indigènes, irait essoucher en hiver? On trouve retranscrit un dialogue édifiant typique des échanges que l'auteur a pu avoir avec eux. Relisant son dossier à la fin de l'instruction, avant de devoir le signer, il constate alors comment le commissaire a transformé en « mensonge hyperbolique » ses prudentes déclarations. Dans l'état de confusion où il se trouve, l'accusé essaiera de protéger ses amis déjà repérés par l'instructeur, mais le moindre propos sera alors retraduit par ce commissaire de façon à permettre une nouvelle inculpation. Il compare les conditions du système judiciaire de l'Union soviétique à celles de l'empire russe. En effet les personnes incarcérées en tant que politiques sont bien souvent des personnes lambda arrêtées pour des motifs au mieux arbitraires, au pire complètement absurdes. Les tribunaux sont destinés à assurer un semblant de légalité, tandis que les méthodes expéditives de l'Osso permettent d'envoyer plus facilement et plus rapidement de nombreux individus au Goulag. Le PCF par l'intermédiaire de L'Humanité s'efforce alors de banaliser et de minorer le rôle des dissidents, souligne que l'URSS ne vit plus à l'heure du stalinisme et rappelle que « L’heure est à la lutte pour vivre mieux, l’anticommunisme divise »[6]. On peut être envoyé au Chizo pour un, trois ou cinq jours pour des motifs variés et souvent insignifiants : "désobligé le chef, mal salué, pas levé à temps, pas couché à temps, en retard à l'appel, pas passé par la bonne allée etc." En 1947, la ration quotidienne à la prison spéciale de Vladimir était de « 450 grammes de pain, deux morceaux de sucre, un brouet chaud mais guère nourrissant deux fois par jour, ; à gogo que de l'eau bouillante ». Pour faire des chambres à gaz, nous avons manqué de gaz." roman   Cette année, pas d'excuse, il est à une demi-heure de marche de mon hôtel. Ils ne connaissent ni la modération ni la pitié. ; n°2 : promettre ce que l'homme qu'on veut recruter essaie vainement d'obtenir par des voies légales depuis de nombreuses années ; n°3 : exercer une pression sur son point faible, le menacer de ce qu'il redoute le plus etc." Il ne suffit cependant pas à l'accusé de s'avouer coupable, il doit également livrer le nom de ses complices supposés. Tout le monde y trouve avantage : les détenus obtiennent plus de nourriture et l'administration est ravie de cette incroyable efficacité. C'est ainsi qu'il désigne les moyens que mettent en place les brigades pour gonfler les résultats de cette dernière. Sa qualité d'ancien officier le conduit à être nommé "chef d'équipe de la carrière d'argile", mais ne parvenant pas à conduire ses hommes, il est rapidement rétrogradé. Et c'était indispensable à leur fonction : ils s'efforçaient de ne pas penser car ils auraient dû alors reconnaître que « les affaires étaient “bidon” ». Ils instruisaient des tentatives de rébellions ou d'évasions alors que les détenus jugés étaient quasiment déjà morts : "Dans chaque camp, des complots sont découverts! J'ai bien peur, au reste, qu'une fois au pouvoir, ils ne nous eussent apporté dans leurs bagages une folie encore pire que celle de Staline ». Immense fresque de l’univers concentrationnaire soviétique, dont Soljenitsyne fut l’une des nombreuses victimes, L’Archipel du Goulag est un livre de témoignage et de combat. La neige recouvre peu à peu leurs visages. Soljénitsyne les dépeint avec une forte admiration, montrant que ces hommes et femmes ordinaires ont été remarquables dans leurs derniers instants, « de même que soudainement la brillance d'une étoile est plusieurs fois multipliée par cent, puis s'éteint ». Cette volée de bois vert dont Soljenitsyne était l'unique sujet a pris une ampleur sidérante après la sortie de L'Archipel du goulag, en 1973. Nous découvrons alors la raison de la joie des prisonniers lorsque Soljénitsyne est arrivé : durant l'été 1945, une amnistie fut promulguée par Staline pour célébrer la victoire, mais celle-ci ne concernait que les droits communs. Soljenistyne ironise même sur la vie florissante de la faune alentour, bénéficiant d'un ordre du Guépéou : "Économiser les cartouches, défense de tirer si ce n'est sur un détenu!". Format : Broché Nb de pages : 899 pages Poids : 562 g Dimensions : 13cm X 19cm Date de parution : 07/01/2021 ISBN : 978-2-7578-8500-0 EAN : 9782757885000 Du même auteur : Alexandre Soljenitsyne L'archipel du Goulag L'auteur s'attarde également sur des soldats russes qui se sont regroupés autour du général Vlassov afin de combattre l'URSS avec pour objectif de la libérer des bolcheviks. Au camp la situation s'inverse. Immense fresque de l'univers concentrationnaire soviétique, dont Soljenitsyne fut l'une des nombreuses victimes, L'Archipel du Goulag est un livre de témoignage et de combat. Si elles ne le sont pas assez on fait rester les gens dans les cellules en sous-vêtements." Le chapitre est majoritairement consacré à l'analyse de procès publics ayant eu lieu dans les années 1921-1922 : L'auteur commente plusieurs procès publics plus tardifs (de la fin des années 1920 et des années 1930), d'ingénieurs, de menchéviks et de fonctionnaires, et montre les limites de la mise en scène qu'ils suscitent. Ce chapitre détaille quelques uns des aspects de la vie des zeks et débute par les différentes sortes de travaux qu'il est possible de faire réaliser aux prisonniers : "pousser une brouette [...], Porter un bard. La torture devint également courante, l'aveu de l'accusé devenant alors la meilleure des preuves. En ce qui concerne la spiritualité, « il est dans l'Archipel une religion constante et quasi universelle, c'est la foi dans ce qu'ils appellent l'amnistie. Sous les obus et sous les bombes, je te demandais de me conserver en vie. Aussi interpella-t-il le garde en demandant que l'Allemand, qui ne comprenait rien à ce qui se disait, fasse le porteur. D'autres journaux prennent le relais de L'Humanité pour dénigrer le dissident russe, ainsi de France Nouvelle ou de Témoignage Chrétien avec des articles de Maurice Chavardès[6]. », « la matière première humaine est incommensurablement plus difficile à travailler que le bois, [...] le reforgement ce n'est pas le désir de se distinguer par sa bonne conduite et de se faire libérer, c'est réellement un changement de mentalité, c'est la fierté du constructeur », « Lorsque s'achève la journée sur le chantier, il reste des cadavres sur place. Les liserés bleus étaient ceux des uniformes des agents du NKVD. Soljenitsyne décrit alors les trois piliers de l'Archipel : Enfin il nous révèle l'existence d'un quatrième pilier non-officiel mais non moins important : la truffe. Alors seulement le Russe cultivé a pu peindre le moujik serf de l'intérieur, car il était lui-même devenu serf! Jean-Marie Domenach, directeur d’Esprit publie ainsi dans Le Nouvel Observateur une lettre dans laquelle il dénonce les pressions de la direction du PCF. Il décrit la volonté affichée de Lénine de prendre "les mesures les plus résolues et les plus draconiennes pour relever la discipline." Sur place pas d'approvisionnement, pas de baraquements, pas de tracé ni de plan exact : la précipitation et les délais impossibles proscrivent toute étude préalable. Les conditions de détention se dégradent : la journée de travail s'allonge jusqu'à 10 heures, les jours fériés sont supprimés. A quelque distance se dressait un petit pavillon du 3e Bureau. stalinisme   Ces hommes étaient-ils faits différemment des autres hommes pour accomplir une telle tâche ? En effet si une invention intéresse les autorités, son auteur peut espérer un sort plus clément. Soljénitsyne note d'ailleurs la difficulté de recueillir ce genre de témoignages car "ceux qui ont décollé ne donnent pas d'interviews". dans les gisements à ciel ouvert de la Kolyma, traîner à la bricole des caisses de roche extraite? Il raconte également sa rencontre avec Nikolaï Timofeïev-Ressovski dans une prison moscovite, et d'une manière plus générale la manière dont se transmettent les nouvelles d'une prison à l'autre par le biais des conversations entre détenus qui colportent ainsi les informations au gré de leurs transferts. Goulag (Glavnoe oupravlenie ispravitelno-trudovykh Lagerei, ou Direction principale des camps de travail) est un acronyme utilisé par l'administration soviétique pour désigner des camps de travaux forcés. On y fait la connaissance de Fastenko qui lui enseigne à ne pas se forger d'idoles, à tout soumettre au doute cartésien, de L.V.Z...v, un ingénieur aussi inculte que flambeur, qui se retrouve là par la jalousie de ses semblables, de Iouri Ié, un espion au service de l'Allemagne qui, voulant se repentir et se mettre au service de l'URSS est aussitôt interné et enfin de Victor Belov, devenu par la force du destin « Michel, empereur de la Sainte Russie » ! J'ai lu un certain nombre de témoignages sur cet univers depuis L'Archipel du Goulag de Soljenitsine, le diptyque d'Evgenia Ginzburg et un des livres de Varlam Chalamov. Les conducteurs y lancent les cadavres qui résonnent comme du bois. Les conducteurs y lancent les cadavres qui résonnent comme du bois. Ces prisons peuvent permettre aux prisonniers d'envoyer des nouvelles à leur famille, l'administration ne fournit ni papier ni crayon mais envoie les lettres que les condamnés arrivent malgré tout à écrire. Tout à la fois documentaire historique, sociologique, psychologique, satire mordante et dénonciation acerbe et critique non seulement du système concentrationnaire soviétique, mais également de toute une histoire politique et communiste de cet État en révolution constante qu'était l'U.R.S.S., En août 1918, Vladimir Ilitch [Lénine]...dans un télégramme adressé à Eugénie Bosch, écrivait ce qui suit: "Enfermer les douteux [non pas les « coupables »...] dans un camp de concentration hors de la ville...faire régner une terreur massive et sans merci... ». Les femmes tombées enceintes au camp sont systématiquement transférées avant l'accouchement. peine de mort   Ce mélange donne lieu à un véritable racket de la part des détenus de droit commun, avec la complicité des gardes de l'escorte qui bénéficie du recel auxquels ils revendent les biens volés en échange d'avantages matériels. Car Soljenitsyne se considérait comme le dépositaire de valeurs supérieures héritées du passé de la Russie, et c'était en référence à ce passé qu'il entendait proposer des remèdes à la Russie du XXe siècle ». Dans ce chapitre, Soljenitsyne évoque la naissance de l'Archipel des camps de travaux forcés en Union Soviétique qui pour lui remonte au "son des canons de l'Aurore", du nom du croiseur bolchevik qui tira des salves sur le palais d'Hiver qui abritait le gouvernement provisoire aux premiers jours de la révolution d'Octobre 1917. Nicolas Werth publia en 1993 dans L'Histoire un article intitulé, Goulag les vrais chiffres des centaines de milliers d'arrestations et non des millions ou dizaines de millions pendant la Grande Terreur ; 2 500 000 détenus au début des années 1950 et non 12 000 000. D'après Krylenko (procureur rencontré dans le premier tome), « en ce qui concerne les condamnés appartenant aux éléments hostiles de par leur classe, […] le redressement est sans force et sans objet ». Solénitsyne note ainsi que beaucoup s'improvisent scientifiques et excellent dans l'art de convaincre leurs supérieurs souvent stupides de leur immense qualité de chercheur alors qu'ils n'ont eux-mêmes aucune connaissance sur le sujet. Les zeks sont même par certains aspects plus unifiés que beaucoup de peuples : "Quel ethnographe nous dira s'il existe une nation dont tous les membres aient le même emploi du temps, la même nourriture, le même vêtement? Ils souillent absolument tout ce qui, pour nous, est le cercle naturel des sentiments d'humanité". Ce chapitre est très autobiographique, Soljenitsyne y raconte comment il a pu bénéficier après plusieurs années de peine de conditions de détention plus clémentes que ses codétenus. politique   Livre hautement intéressant d'un point de vue historique car l'auteur reprend la création et l'organisation des premiers goulags en Russie,puis il nous décrit les différents types de goulags ainsi que les types de population qui y sont enfermés. Les gardiens de camps sont juridiquement quasi intouchables en cas de meurtre : "Quiconque tire a raison. En effet ils sont les ennemis naturels de la propriété privée et le régime les a naturellement considérés comme des alliés objectifs. L'auteur relate plusieurs exécutions de masses dont certaines particulièrement abominables : "Les opposants étaient pris dans la nuit avec leurs affaires en vue d'un transfert, on les faisait sortir de la zone. Dans un passage particulièrement mordant, l'auteur ajoute : "Et puis, en sus de ces causes, il existe les inadvertances si naturelles et combien excusables de la Direction elle-même. Soljenitsyne décrit le monde du camp et décrit le cheminement des prisonniers de l'admission à la mort en passant par la malnutrition, l'épuisement, la maladie ou des gardes sadiques. Il ne fut pas le seul. Pour le PCF, la sortie de l’ouvrage prend la dimension d’une provocation et dès décembre 1973, le parti lance une vaste offensive pour tenter de neutraliser la portée du discours soljénitsynien[6]. [...] Ensuite, les planqués décidaient entre eux de la répartition." Le chapitre est consacré à ses souvenirs du voyage vers Moscou sous le régime de l'« escorte spéciale » en attendant de connaître sa nouvelle affectation : le trajet se fait incognito par train de voyageur avec des gardes habillés en civil. Il décrit les bâtiments représentatifs (mais en partie mal conçus ou pratiquement inutiles) de l'ère stalinienne, ainsi que la vie et le travail des prisonniers impliqués. C'est à la Kolyma qu'est né le mot tramway pour désigner le viol collectif.". C'est un travail formidable qui m'a permis de comprendre toute l'étendue du mal dont l'humanité est capable et comment nous en sommes aux premiers stades de la duplication d'un phénomène similaire aux États-Unis. Le nombre d'inventeurs dans les camps est immense car "l'inventionnite est une forme d'évasion qui ne comporte aucune menace de balle ou de râclée". Fnac : Oeuvres complètes Tome 3, Oeuvres complètes tome 6 - L'Archipel du Goulag, Alexandre Isaievitch Soljénitsyne, Fayard". [...] La nuit on vient les ramasser en traîneaux. « Ce livre ne contient ni personnages ni événements inventés. Leurs essaims ravageurs constituent alors un tourment de plus pour le reste des prisonniers. Là-bas, c'est que la femme est vraiment une rareté, c'est que vraiment on se la dispute et se l'arrache. Il n'existait aucune entrave, ni dans la réalité, ni dans la moralité, qui eût pu contenir ces qualités. À cela s'ajoute la présence de poux et de punaises qui peuvent être les vecteurs de maladies épidémiques telles que le typhus, ce qui déclenche des épidémies et nécessite parfois la mise en quarantaine des prisons de transit. Parution le 15 mai 2019 en téléchargement. Le gouvernement russe dépêche Maxime Gorki, célèbre écrivain, pour inspecter le camp. L'Archipel du Goulag traite du système carcéral et de travail forcé mis en place en Union soviétique. Ironie finale de ce chantier, le canal enfin achevé est presque inutilisé car "il n'est pas assez profond, cinq mètres seulement". [...] Seuls les zeks intellectuels de l'Archipel ont vu se détacher d'eux ces remords : ils partageaient intégralement l'infortune du populaire! L'auteur décrit ensuite la vie dans ces sociétés. Soljenitsyne note que même en incluant la forte répression qui a suivi la révolution russe de 1905 et qui vit 950 exécutions en six mois, on reste en proportion à trois fois moins de morts que pour une période de six mois suivant la révolution d'octobre. Il existe également des brigades culturelles qui fonctionnent comme des troupes, montant des spectacles pour les huiles du camp. Le transport est parfois maritime, notamment pour rallier l'île de Sakhaline ou la Kolyma, et l'auteur relate trois épisodes durant lesquels le navire de transport est bloqué par la glace, où des détenus meurent enfermés dans la cale pendant un incendie, et où le navire se fait passer pour un transporteur de travailleurs libres lorsqu'approché par des marins japonais lors du passage du détroit de La Pérouse. ", Ainsi "les camps étaient incomparablement avantageux de par la docilité du travail servile et de par son bon marché, non, pas même en raison de son bon marché : en raison de sa gratuité. 1918-1956.. Que signifie être un prisonnier politique en URSS avant la mort de Staline? communisme   Pour cette raison, il n'y aurait aucune nécessité à lancer de nouveaux débats[6]. Les insectes nuisibles pulullent : "pour tuer les poux, on fait bouillir le linge dans la marmite à déjeuner.".
2020 l'archipel du goulag nombre de pages